3) L'arrêt à la station essence

Le bus continue son bonhomme de chemin sous la musique, les rires, les discussions en tous genres... avec des étudiants qui boivent et qui fument... et d'autres pas. Ca tape fort sur le bitume. Le paysage défile et au bout de deux heures les occupants du bus ne croisent presque plus de villages. C'était la campagne, la campagne profonde. La musique accompagne le chauffeur et ceux attentifs au son propagé.


C'est Mary qui rappelle à John de s'arrêter le plus tôt possible pour faire un plein. L'organisateur épuisé ne se fait pas prier pour faire la halte tant attendue pour la vessie de ses camarades... même devant une station essence sortie d'une autre époque.


Thomas: - ARRET MES LOULOUS ! N'oubliez pas, on se conduit bien avec les autochtones ha ha !

John se gare devant la pompe et débloque la double porte qui s'ouvre sous un gros bruit de piston libérateur. Il sort le premier pour dégourdir ses jambes et se frotter les yeux. Il est rejoint par Thomas.

Thomas: - Ca va ? Tu veux te reposer ? Je peux prendre le volant si tu veux.
John: - J'suis naze. C'est d'un double café que j'ai besoin. J'vais voir s'ils en ont là dedans. Je prie qu'ils aient du Redbull aussi. Pas gagné dans ce coin paumé.
Thomas: - Attends, t'as pas pris l'autoroute !?
John: - Hum... non. Personne n'a remarqué qu'il n'y avait qu'une voie ? J'prefère éviter les grands axes pour esquiver les contrôles.

John et Thomas vont regarder les prix de l'essence et regardent dans leurs portefeuilles. La collecte de la participation n'avait pas encore été faite. Les autres camarades imitent les deux organisateurs et sortent un par un.

Ryan: - Rho le bled pourri ! Regarde là bas Lutz ! On dirait une Mustang année 60.
Le futur joueur pro comptait entrer dans la station service mais finit par suivre son ami voir de plus prêt le vieux véhicule sur le coté gauche de la station.

Mary s'éloigne un peu pour passer un coup de fil. Elle se retourne plusieurs fois et regarde la route en marchant un peu. Marshall est aux abonnés absents. Visiblement le rappeur était exténué de sa soirée passée... pas plus mal. Eddy sort, semble attendre quelqu'un et attend en regardant distraitement les panneaux en façade.

Tiana: - Pipi Room ! Super craignos ce lieu. On dirait pas des chiottes sur la droite ? Qui m'aime me suive...

Non pas qu'Emma l'aime mais elle s'y précipite aussi pour se soulager. Carole regarde dans son petit sac à main et passe la porte du magasin, au ralenti.

Deuxième bières et trois clopes après la possible moitié du trajet, Matt est soulagé de faire une pause. Le bus s'arrête, se gare devant une pompe et ouvre ses portes. Le jeune sportif ne fera pas la queue pour sortir, il utilise l'issue de secours arrière en faisant gaffe de ne pas toucher Marshall en plein roupillage. Dès ses Docs sur le bitume il est agressé par l'air ambiant. Il faisait super chaud. Maux de tête assurés s'il ne trouvait pas de quoi gober un cachet préventif. Il reste peu confiant d'en trouver quand il matte les panneaux de la station. On aurait dit une baraque vieille de cinquante ans.

- On dirait que c'est ouvert...

Au moins ça...
Herring se dirige vers l'entrée de la station après un coup d’œil au distributeur de boissons fraiches. Un coca après les deux bières ça serait le bon plan. Mais place au moment de vérité... y'a t-il des cachets en vente dans le magasin !? Carole passe juste devant lui. Quand il pénètre à l’intérieur il fait presque aussi chaud qu'à l’extérieur. Une odeur de renfermé se fait sentir.

Pompiste: - C't'est une colonie v'tous ?

Sur la gauche se tient derrière un comptoir un barbu. Casquette du Sud, ventilateur braqué sur lui et gueule de Redneck.



- Bonjour monsieur. Un groupe de vacanciers oui.
Dites... vous avez des cachets ?

Lui demande Herring tout en approchant du comptoir. Le type le regarde d'un oeil, chique quelque chose, crache sur le coté et répond après un regard à travers les vitres dégueulasses.

Pompiste: - L'vacanciers d'grandes villes y foutent t'jours l'boxon. L'nègre l'est vec'vous ? T'veux quoi comme c'chets ?

Houa, Herring se concentre pour comprendre le dialecte du type qui était visiblement le pompiste et vendeur du lieu. Pas certain d'avoir comprit la question sur son camarade de couleur, Matt reste sur sa demande.

- Des cachets pour la tête. Les maux de tête vous savez, à prendre avec de l'eau pour avaler ou effervescent. Vous avez ?

Pompiste: - J'sais qu's'est d'c'chets. Là !

Il lui désigne un endroit précis vers un rayon. Matt s'y rend sur le champ. Puis en levant plus le menton, il s'adresse à Carole.

Pompiste: - S'lut ma p'tite d'moiselle. J'peux vous'dez ?

- Atypique comme endroit... Tant qu'on évite un remake de Roadmaster...!

Cassie prend l'air. Elle en profite et sent l'air chaud. C'est toujours mieux que dans le bus. Elle regarde autour d'elle. S'il n'y avait pas ces pseudos bobos en train de brailler comme des cons, le silence y mettrait une ambiance mystérieuse. Elle aime s'imaginer des ambiances de ce genre.
Ce coin quasi désertique lui rappelle la mort, ça serait une belle oeuvre à faire. La mort, le mystère ... ce coin lui plait.
Elle rentre dans la boutique et voit will devant le promontoire à lunettes.

- c'est toi Swain?

et sans attendre sa répondre :

-tes parents n'ont pas trouvés plus con comme nom?

Elle triture les lunettes sans s'y intéresser et regarde will

-tu les veux ses merdes?, en montrant les lunettes. Comptes pas sur moi pour te les acheter mais on a tous les deux les poches vides, non? A moins que môman te donne la fessée si elle sait qu'on les as volé.

Elle lui lança un petit sourire provocateur.

Une petite pause s'impose comme dirait l'autre, et c’était pas de refus. Avec tout ce que tout le monde s’était enfilé comme bière et diverses boissons, attendre encore plus aurait presque put être dangereux pour le mobilier.
Le bus va pour se garer tandis que Tamy se prépare déjà à enlever ses écouteurs et à les ranger en vitesse pour ne pas perdre de temps. C'est dans ces moments là que le choix de place parait moins judicieux et ou les quelques mètres qui la séparaient de la sortie lui paraissaient de trop. A peine le moteur coupé, la blonde s’élança hors de son siège et fonça vers la porte, bousculant au passage la petite bourge qui a déjà eut le temps de revenir à sa place. Pas le temps d'un pardon, elle s’écrie alors un "Pipi tiiiiiime" en guise d'excuse. C'est sûr qu'il aurait été plus pratique de sortir par l’arrière comme Matt mais ce genre d'envie vous empêche parfois de réfléchir correctement.

Trois petits sauts précédèrent celui qu'elle finit de faire pour descendre d'un bond, subissant une chaleur étouffante avant même que ses pieds ne touchent le sol. Mais c'est la vue de la station essence de l'enfer qui la stoppa dans sa lancée, pas préparée au choc. C’était pourtant loin d’être une princesse qui avait besoin de papier parfumé pour se torcher, mais là c’était limite flippant.

-Meerde les mecs! C'est quoi c'truc?

C'est l’Amérique profonde cocotte, et ce n'est surement qu'un avant gout du reste. Mais son envie pressante se faisait de nouveau sentir, la faisant se balancer d'un pied sur l'autre et se tenir l'entre-jambe avec le tact d'une jeune fille en fleur.

Tant pis pour la boule qui venait de se loger dans sa gorge, Tamy s’avança vers l’intérieur de la station, après tout certains y étaient déjà et elle ne risquait rien. Elle comprenait mieux pourquoi les filles aimaient aller aux toilettes par paire, et une véritable amie n'aurait pas été de trop à cet instant, mais ça, jamais elle ne l'aurait avoué.

Elle passe la porte grinçante accompagnée d'un petit bruit de clochette et aperçut une partie du groupe en pleine discussion avec un pompiste aux couleurs locales. Tamy se permit un raclement de gorge, pas bien sûre d'elle et leva timidement le bout de son index pour demander la permission de parler.

-Hey, pardon mais.. les toilettes c'est par....?

Quand Alison approche d'Eddy, celui ci regarde un peu partout en esquivant son regard.
C'est elle qui lui parle. Le petit étudiant se tourne vers la vieille voiture qu'admiraient Ryan et Lutz et se retourne vers elle en pointant son doigt sur elle.

Eddy: - King !
Tu... tu, tu...

Son bégaiement reprend. Woodson est à la limite de s'énerver avec ce début de phrase qui tarde à sortir. Il se reprend.

Eddy: - Tu... veux une canette ?

Suivi d'une bousculade de Desmond sur Alison. Mâchoire enfoncée vers son torse, poings serrés, Eddy fixe le Black.

...

Intérieur du magasin de la station...
Herring regarde différents cachets pour la tête pendant que Carole s'arrête devant un rayon de souvenirs. On aurait plus dit qu'elle attendait que William reparte qu'autre chose. Le pompiste regarde des pieds à la tête la petite gothique qui fait son entrée et reluque franchement celle qui passe juste derrière. Pendant la petite discussion de William et Cassie, Tamy pose une question au pompiste... empêchant celui ci d'entendre la proposition de vol à deux mètres de lui.

Pompiste: - T'connais pô l'bonjour ti !
V'là dans'couloir pour t'oile interieur. Ceux extr'ieurs s'bouchés.

Bon courage pour comprendre.
C'est au tout de John et Thomas d'entrer. Assez vite Thomas s'exclame:

Thomas: - Tiens salut Bradley, tu travailles ici maintenant ?
Pompiste: - S'lut fils A-Ford. J'travaille jour-nuit. Jour'ci et nuit'l'route dans z'bled préchétoi.
Thomas: - Tu en fais de la route pour bosser, tu dors quand ? On va prendre de l'essence, tu nous débloque la pompe ?
Pompiste: - Fo'bien vivre. J'dors quand'ya pô d'monde. Ouep. Sont'avec toi'tous ?
Thomas: - Merci. Oui, on va chez mon père passer le week end.
Pompiste: - J'vu l'père A-Ford al'chasse hier il'tirait s'tronche én'vé.
Thomas: - A cause de la date Bradley... à cause de la date.

L'autochtone et Thomas avaient l'air de se connaitre de longue date. Ils continuent à parler pendant que John s'interesse à une machine à café sur le coté du comptoir. Si Tamy a comprit que des toilettes intérieurs sont dans le couloir réservé au service, elle peut y aller... en passant un rideau de petites boules le long de fils. De l'autre coté çà sentait l'humidité, la sueur, le vieux et comme une odeur de soupe d'hospice.

Elle est encore en train d'avaler sa salive que le pompiste lui répond dans une langue qui lui est bien personnelle. Ses yeux ronds en disent long, et son cerveau est toujours en train de déchiffrer ce qu'il a tenté de lui dire. La blonde bafouille un peu, incapable de dire que chez elle Hey était une forme de "bonjour" et que pour le reste, elle n'avait vraiment rien compris. Pourtant le regard de l'homme en direction d'un couloir un peu plus loin était un élément de réponse, et elle osa le faire répéter en insistant:

-Par la?

Son index s’était lentement déplacé pour designer ce qui se cachait derrière cet horrible rideau de boules, le même qu'elle avait vu toute son enfance dans la maison de sa grand mère. C’était glauque mais l'envie était trop forte, et la conversation de Thomas avec le dénommé Bradley finissait de la convaincre de se faire violence.

Elle n'avait pas dit bonjour et elle ne dira pas merci, juste par peur d'interrompre les deux hommes dans une conversation que personne ne pouvait comprendre. Pas elle en tous cas. Elle haussa les épaules et entreprit de traverser le rideau qu'elle ouvrit du revers de ses deux mains en évitant au maximum que ça lui touche le visage. Le bruit des boules qui s'entrechoquaient au relâchement du rideau lui fit froid dans le dos, comme si c’était la dernière chose qui la séparait du groupe. Et pour le coup, elle se sentait bien seule en avançant dans ce couloir morbide. L'odeur était presque insoutenable et son nez se retroussa instinctivement:

-Merde quoi, y'a un mort en décomposition quelque part?

Elle dépassa deux portes fermées, la main sur le nez, avant d’atteindre la porte du fond qu'elle ouvrit par le coude. C’était sombre, sale et puant, c’était des chiottes... à la turc. Et merde se dit-elle en regardant en arrière comme s'il était encore temps de revenir en arrière et d'aller pisser dans la nature. Ça serait revenu au même, le coté sordide en moins. Tamy soupira tout en fermant la porte derrière elle, réalisant qu'il n'y avait pas de verrou:

-Sérieux? C'est une blague ou quoi?

Apparemment non ou alors elle était de très mauvais gout. Il était temps de faire vite à présent et d'un geste rapide, elle enleva son petit sac à dos et prit la anse dans sa bouche pour ne pas avoir à le poser par terre. Puis elle déboutonna son pantalon et le baissa avec sa petite culotte avant de s'accroupir en vitesse. Elle aurait aimé pouvoir siffler et ainsi signifier sa présence mais elle peinait déjà assez dans son petit numéro d’équilibriste: accroupie, le sac dans la bouche et les deux bras qui tentaient de faire la balance. Tamy commença son petit pipi tout en regardant autour d'elle ces toilettes en bois moisi qui n'avaient pas du être lavé depuis le siècle dernier et qui n'offraient qu'une petite lucarne comme seule aération.
Allez... grouille merde!

- Hé ! Desmond… Enchantée ! C'est cool que tu sois là. On se connait pas mais je suis Alison, et voici Eddy ! Vous vous êtes peut-être déjà rencontrés ? Au fait, super ton…

- ... Dernier match de la saison !  

Ho fu...

Son cœur fit qu'un bon, mais il ne laissa rien paraître, seul les poils dressés sur ses bras pouvait prouver son coup d'adrénaline. Il était distrait par... Les lunettes... Il n'avait même pas capté qu'elle s'était approchée de lui, noire dans les ténèbres, ombre dans la nuit, déplacement de chat sur un sol couvert de poussière.

Il se retourne vers elle et lui souris.

Je crois que c'était le nom de mon grand père ou une connerie du genre, mon père y tenait et il n'a pas voulu le lâcher, tu sais ce que c'est les vieux et leurs héritages à la con... Parait que tu es ma petite sœur... Enchanté.

William en connaissait un bout question héritage. Il avait toujours vécu dans l'ombre de son père, plus grande que lui, plus grande même que son père. Elle avait engloutis son frère et il avait beau courir aussi vite que possible, il n'arrivait pas à en sortir et a goûter au soleil.

Voler des lunettes de soleil... Il n'avait pas penser à prendre grand chose avec lui, il n'avait que l'argent qu'il avait dans ses poches en se levant, en espèrent ne pas les avoir dépensé la veille pour acheter l'une ou l'autre substances, il serait bien emmerdé pour payer Thomas du coup.

Ecoute Sis, c'est pas le bon plan ça...

Il s'approche d'elle, plongeant son regard dans ses yeux. Profitant de sa taille pour la dominer.

Mon père est avocat et il y a un an, pratiquement jour pour jour, le sheriff du conté l'a appelé, de vieux amis de la veuve et de l'orphelin, tu vois le genre.

Enfin bref. Le flic avait retrouvé une voiture près des bois, vraiment pas loin de la station service. La voiture était vide, juste du sang sur le volant. En suivant les traces, les adjoints ont trouvés une main coupé. La police a continuée son enquête et après plusieurs jours à retourner les bois ils sont tombés sur le corps d'un homme et d'une femme pendus et éviscérés avec, gravé dans leur chair : THIEF

Le patron de la pompe service était le premier suspect, mais peu avant les événements, il disparut, laissant seul son fils à la tête du commerce.

Il fit un rapide geste de la tête en direction du pompiste. Il avait prit un ton grave et de plus en plus dramatique pour raconter son histoire. Il n'avait même pas remarqué que Thomas et Tamy étaient rentrés à leurs tour.

Et j'ai peur de ma mère, tu devrais aussi en avoir peur.

Il prit le chemin de la sorti, laissant derrière lui les lunettes de soleil, aucune paire assez bien pour lui, encore moins à voler, prendre des risques pour rien étaient grisant mais le pompiste étant un ami de Thomas il était hors de question de lui faire préjudice et si il avait un casier judiciaire il ne pourrait jamais monter aux barreaux.

Il laissa aussi derrière lui Carole, visiblement emmerdée qu'il soit là.

Si il était suivit par Cassie il lui tiendrait la porte, comme le gentleman qu'il est, s'inclinant même pour gratiné son coté chevalier servant.

Cassie l'écoute. Frère et soeur. La moue ne se fait pas attendre de sa part. Elle écoute son histoire. Elle ne sait pas s'il lui raconte des cracks ou pas.

-de quoi frère et soeur! Tu me racontes quoi! Evite de m'prendre pour une conne s'te plaît. On a juste presque le même nom, c'est tout.

Elle le regarde lorsque celui-ci le fixait de toute sa hauteur. Elle ressent un petit frisson mais n'en laisse rien paraître. Elle n'aurait su dire pourquoi elle avait eu cette chair de poule. Elle le regarde s'éloigner, béatement :

-c'est parce que t'as rien dans le froc ou quoi? putain, t'es curé?

Elle le suit et arrivée à la porte ouverte par son homologue, elle sort une petite boulette de shit. Elle lui montre. De l'autre main, elle lui prend son col pour tirer légèrement dessus et attirer la tête de will vers la sienne. Elle s'approche de son oreille pour lui chuchoter :

-On se partage un p'tit splif dans un coin avant de repartir?

Elle frôla sa langue sur la joue et lui sourit. Puis d'un coup elle tend ses bras vers l'avant et les fait trembler comme si elle avait peur :

Ouuuuuuh, mondieu, c'est illicite, j'avais oublié, t'as rien dans le pantalon !t'as peur de voler, alors fumer un bédo...

Visiblement elle fait référence au fait qu'il se soit résigner à sa proposition du vol.

On passe l'odeur pire que tout et on se concentre sur les mouches des toilettes intérieures de la station essence. Les mouches donc... celles qui passent et repassent devant le visage de Tamy accroupie en pleine concentration de ne pas en mettre sur ses vêtements. Les mains sur le coté pour ne pas perdre l'équilibre et cette sangle entre les dents pour ne pas corrompre son sac sur un sol plus que douteux. Les mouches vont s'intéresser à son popotin offert au trou et leurs petites pattes. Horrible sensation de se faire caresser le fion par ces mangeuses de merde. Le jet libérateur les fait quitter momentanément la surface ronde, suante et chaude. Tamy, tremblante, n'a pas le temps de dire ouf que la porte impossible à verrouiller s'ouvre.

Arrêt sur image. Stupeur. Outrage. Flag !

Une jeune fille se tient là, légèrement voutée, regard aussi bleu que fiévreux. Pas un mot, pas d'autre geste que son avancée de tête vers celle de Tamy en pleine purge. Les yeux et la bouche grossissent pendant l'approche quand la petite lui crie:



Jeune fille: - Moooon vioooolon

La porte se referme en même temps que le dernier jet finit sa course on ne sait où.

Au même moment devant l'unique pompe de la station, un véhicule termine de rouler en silence derrière le bus. Bruit de frein à main, portière qui s'ouvre, Santiag qui écrase le sol, grande respiration, claquement de porte et des pas lourds qui contournent le transport jaune de vacances. Un homme, grand et imposant, retire ses lunettes de soleil et frotte son insigne avant de remettre ses lunettes.
Un Shérif.  



Ses lents pas le mènent à l'arrière du bus resté ouvert. Il regarde Marshall, Marie-Liz et Roméo. Mains sur l'avant de son ceinturon, torse bombé, sa tête se penche vers la poubelle quand d'un seul coup, un cri strident se fait entendre sur le coté droit de la station.

L'homme de loi sort immédiatement son revolver six coups et se lance dans une lourde course. L'arme est toujours pointée vers le sol quand la porte des toilettes extérieures se claque. Deux filles sont recourbées à trois... quatre mètres. Elles sont au point de vomir.

Shérif: - Vous là ! Que se passe t-il !?
Je suis le Shérif Mandrove du comté voisin. Je suis là, tout va bien.

Tombé à pique le flic...
Mary et Desmond avaient vu la scène tout autant que l'arrivée du véhicule. Etant trop loin, il n'avait pas pu prévenir. Cassie et William étaient avec leur boulette à la sortie du magasin. Alison et Eddy avaient tout juste remarqué le bout du véhicule fraichement arrivé. Ils avaient vu la course du chapeauté. Ryan et Lutz, attirés par le cri, se ramènent. De son coté Tiana reprend son souffle pendant qu'Emma manque de rendre son dernier repas. La première blonde pointe du doigt la porte des toilettes.

Tiana: - Sh... Shérif... là... là dedans, il y a un cadavre !

Le flic étoilé ne dit pas un mot et se rend à la porte. Il l'entrouvre et dépasse la tête en faisant tomber ses lunettes sur le bout de son nez. Main armée, il entre.

Beaucoup de venin, si elle bavait toujours autant ça allait être une vrai partie de plaisir. Le même nom?!... Alors elle le connait, il connaissait même pas le sien, c'était marrant de voir que le quarterback l'avait juste troll là dessus. Il pensait à une insulte plus vicelard, il pensait encore et toujours au pire.

Curé? Il sourit à cette insulte, ou du moins cette pique qui se voulait de l'être. Elle connaissait peut être pas tant que ça pour finir la gothique. Juste de nom, peut être son père, tout le monde connait son père... Il la défie du regard.

"Moi prêtre? Tu veux vraiment que je te passe à confession ma sœur?" Mais il garda sa pour lui étrangement, Peut être d'autres présences perturbatrices.

Voila autre chose à présent, de l'herbe. Là il disait pas non, fumer pour le tabac c'était hors de question, mais dés qu'on le met au vert il refuse jamais. Pur consommateur américain mais le bio du Mexique c'est bon aussi. Puis dans un coin plus tranquille il pourra faire plus ample connaissance avec la fille au même nom. Il ne devait pas être le seul Swain au monde.

Il sourit à la fille en noire et se laisse caresser par sa langue, mais un doute surgit, comme ça devant tout le monde, elle était tout de même pas en train de marquer son territoire? Elle allait vite déchanter si elle pensait pouvoir caser le William, la dernière qui à rêver de le faire déprime dans la boutique derrière lui, c'était pas vraiment la dernière en faite...

Il allait accepter et l'emmener à la chasse aux papillons quand l'homme de loi fit son entré. Pas besoin de faire le droit pour se rendre compte qu'ils avaient l'air suspect et qu'il était dans la merde, surtout avec une boulette sous le nez. Sans qu'il laisse le temps à Casse de réagir il lui arrache des mains et la jette discrètement sous le chariot en métal se trouvant à sa droite, espérant que la pompe devant la porte ait cachée son action.

Tu me remercieras plus tard!

Bien sur que c'est illicite, et le sheriff le sait. Sourire victorieux de Swain à Swayne avant d'être de nouveau coupé par un cris, les cheerleadeuses avaient de bon poumon, mais pourquoi criait elle la Tiana? Il y avait plus discret pour annoncer l'arrivée du flic comme le cri de la chouette. Un cadavre? C'est quoi ces conneries encore? Ils voit la rousse foncer vers lui, elle avait fait quoi ou allait faire quoi? Trop de question en peu de temps.

Il ouvrit simplement la porte derrière lui avant de crier à l'intérieur. Ne laissant pas le temps à Alison de venir jusqu'à eux.

Thom, je crois que tu devrais venir voir dehors!

- Vraiment une sale manie que vous avez tous... Ca va, je vous dérange pas ? Ca vous tuerait un peu de courtoisie ? Pardon-excusez-moi vous écorcherait la bouche aussi ?

- Honneur aux dames... Pas vrai ?

- Je crois qu'il est vraiment temps d'y aller. Le loup est dans la bergerie, et elle est vraiment pas clean, si vous voyez ce que je veux dire.

Allez mais grouille!!! Ses jambes commençaient à être fébriles de cette position inhabituelle et Tamy craignait de se pas tenir comme ça encore longtemps. Ça lui apprendra à boire autant tout en sachant que sa minuscule petite vessie ne le supporterait pas. Sa mâchoire crispée lui faisait mal, la faute à ses fichues mouches qui lui reniflaient le postérieur et qui lui faisaient serrer les dents comme une dératée. La hanse de son sac ne s'en sortirait pas indemne, autant qu'elle se mette bien ça dans la tête.

Tout son corps tremblait, mais ce n’était rien à coté de ce qui allait suivre. Sans qu'elle ne s'y attende, sans qu'un bruit ne la prépare à cela, la porte en bois s'ouvrit d'un coup sec, la dévoilant dans son plus simple appareil. La blonde partit légèrement en arrière devant une vision d'horreur qu'elle peina à croire sur le moment. Un cri tenta de s’échapper de sa gorge trop nouée par la peur, et qui s’étouffa dans un souffle, laissant tomber son sac par la même occasion. Tamy fut obligée de s’appuyer contre le mur pour ne pas tomber, oubliant au passage ses réflexes d’hygiène puisque de toute façon, son pipi se finit péniblement le long d'une de ses cuisse.
Bordel... mais c'est quoi ça?

Ses yeux s’écarquillèrent, prêts à sortir de leurs orbites quand la gamine voutée s'approcha assez près d'elle pour qu'elle sente son haleine venue de l'enfer. La blonde ne bouge plus, comme paralysée par une hallucination bien trop réelle, puis par une voix bien trop flippante. Mon violon... Tamy finit par se redresser complètement, le cœur battant mais prête à lui dire de déguerpir de là à cette dégénérée malpolie. Pas besoin, la petite folle en avait finit avec elle apparement, et claqua la porte derrière elle aussi vivement qu'elle l'avait ouverte.

-Merde, merde, merde!!!

La blonde décolorée s’essuya la cuisse en vitesse et remonta son pantalon légèrement humide sur le haut. Sa bouche se tordit de dégout mais il était juste temps qu'elle sorte de là. Sa ceinture encore détachée et le t-shirt de travers, elle s'empara de son sac et sortit des toilettes en trombe, marchant au trot le long d'un couloir qui n'en finissait plus. Le rideau de boules lui passa sur la peau sans qu'elle n'y prête vraiment attention, et c'est le visage pâle et les cheveux en bataille qu'elle déboula dans la boutique de la station essence. Thomas et John étaient déjà en train de passer la porte et elle lança:

-Attendez!!

Puis son regard se tourna vers Matt et Carole toujours présents et vers qui elle s'approcha, son sac collé contre elle comme pour se protéger. Sa voix tremblait légèrement tandis que son regard balayait la pièce sans s’arrêter:

-Matt... Carole... Vous... vous n’auriez pas vu une, une petite fille?

Eddy a du mal à décrocher son regard noir de Desmond. La clef de désamorçage arrive avec un seul geste. Une main dans la sienne. Contact jamais osé, jamais imaginé par le petit étudiant. Il se laisse guider sagement mais répond d'une voix étrange:

Eddy: - Je ne peux pas le promettre. Serait-ce une bêtise de te défendre ?

Le pompiste, John et Thomas allaient ensemble vers la sortie quand Elison arrive, manque de se manger William et enchaine par prévenir le fils Ashford. Celui ci voit le véhicule de police et se dépêche de rejoindre le bus... blême. John semble revenir sur ses pas, attiré par quelque chose ou quelqu'un... il loupera les dires. Le pompiste s'en va voir sur le coté de sa pompe.

Du coté de Tamy, ce sont trois personnes qui s'approchent d'elle quand elle fait voler le rideau de boules. Ils la regardent des pieds à la tête, se regardent. Herring répond le premier et Carole regarde tout de même derrière le rayon proche du passage de service. C'est John qui arrive tout proche d'elle, pose ses mains sur les épaules de son amie et lui dit d'une voix amusée:

John: - Tu en fais une tête Tamy ! Une gamine t'a volé quelque chose ?
Je n'ai pas vu d'autres voyageurs entrer. Ca doit être une proche du pompiste. Ca va aller ?

...

Du coté des toilettes extérieures...
Lutz réconforte les filles et leur demande ce qu'il s'est passé. Ryan va vers la porte pour tenter de voir ce qui se passe.

Lutz: - C'est bien les filles, je suis là. Il s'est passé quoi ?
Emma: - Insupportable odeur. Je n'ai jamais senti ça de toute ma vie.
Tiana: - On a commencé de pisser malgré tout mais quand j'ai cherché l'origine... beuuurk... (Elle eut une remontée, se retient la bouche, respire un grand coup, ferme les yeux et reprend tant bien que mal.) J'ai... j'ai ouvert la dernière porte des toilettes. Il y avait un corps en décomposition au sol. Il y avait des tas de mouches, des vers... dégueulasses... l'odeur... je...
Lutz: Ca vaaa. Il y a le Shérif maintenant. Jamais la police n'est arrivée si vite.

En parlant du loup, celui si ressort des toilettes. Son arme est retournée dans son holster et il porte maintenant des gants. Ryan fait plusieurs pas en arrière et manque de percuter le pompiste. C'est justement ce dernier que Mandrove regarde derrière ses grandes lunettes de soleil noires.

Shérif: - Joe ! Tu peux m'expliquer ce que ça fait dans tes chiottes ?
Pompiste: - S'lut Shérif. C'mon chien. J'le cherchais partout d'puis trois jours. J'travaille jour-nuit j'pas eu l'temps d'trouver voyez !?
Shérif: - C'est une infection. Va falloir changer tes habitudes Joe. Laisser des chiottes publiques sans nettoyage comme ça c'est criminel. Tu diras à ton oncle d'engager quelqu'un d'autre ou de le faire lui même.
Pompiste: - M'oncle l'est m'lade vous savez M'sieur l'Shérif. J'croyais l'porte condamnée. J'vais boucler pour sur.

Le Shérif Mandrove regarde Joe le pompiste, bouche entrouverte. Il reste un moment sans rien dire, tenant toujours le corps d'un chien à bout de bras. On aurait dit qu'il avait un moment d'absence. Tout devient silencieux autour du petit attroupement, on entendait que les mouches voler. Il finit par bouger en allant vers une bordure de nature, un peu plus loin. Il jette plus loin le corps du chien. Joe rajuste sa casquette et crache par terre avant de retourner vers l’intérieur de sa station.

...

Pendant ce temps dans le bus...
Le raffut dans l'habitacle finit par réveiller Marshall. Le rappeur remonte son bonnet, se gratte l'entre-jambes et réalise de quoi parle la Française. Il se retourne vivement et voit la voiture du Shérif.

Marshall: - Pute de pute sa race de merde me lâcherons jamais les keufs ! On vire bedos et on met tout l'alcool vers le sac de celui qui a plus de vingt années d'sa chienne de life putain ! Magne toi la pouffe ou j'ten met une !

Après son ordre et sa menace, Marshall soulève la poubelle et se magne d'aller vers l'avant du bus. Il mime de mettre un coup de coude à Roméo et continue son chemin jusqu'à la porte. Au même moment ou Thomas arrive. Il lui refile la poubelle et lui sort:

Marshall: - Tiens Tomato, vire donc ton chiotte à cannettes ça pouillav pour nos fions si l'badge met ses sabots dans l'auberge.

Thomas discute même pas et va cavaler avec la poubelle. Direction la gauche de la station. Il revient les mains vides comme si rien n'était. Il cherche du regard John qui avait les possibles papiers du bus... il valait mieux.  

Matt se retrouve devant un petit rayon avec toutes sortes de produits en vrac. Il regarde le fourbi main sous le menton, le doit tapotant ses lèvres. Calpol, Disprol et Panadol... ça devait être bon. Le style de boites n'étaient pas communes par contre. Prit de doute, l'étudiant cherche la date de péremption des aspirines. Bingo, il en était certain, deux des boites étaient dépassées et pas qu'un peu. Matt prend par défaut la boite restante après un regard vers le comptoir. Le pro Sudiste jette tout de même un œil. Résigné à payer son tranquillisant, Herring rejoint la caisse, pose le produit et cherche la monnaie dans son porte-feuilles. Trois Dollars vingt pour ça... pfff ! Et, était-il autorisé à vendre ça ici ? Non, il n'allait pas lui demander...

- Merci.
Et... vous auriez de l'eau aussi ?

Bien envie d'en gober deux sur le champs. Vu que la boutique faisait aussi service de boisson, le pompiste devait bien avoir cela. Mais non, le Redneck lui montre dans le dos un autre rayon. Matt regarde et voit un rayon à boissons fraîches.

- Han han ok ! Je vais aller voir.

Herring récupère sa monnaie et part vers le rayon à boissons. Quel con c'type ! Il mériterait un procès au cul pour tous les produits ayant dépassé la date. Il lance un regard haineux sur le pompiste en pleine discussion avec Thomas qui avait l'air de la connaitre. Quand il arrive devant les boissons, Matt ne compte pas en acheter. Il regarde tout simplement les dates de péremption. Il se marre bien quand il en voit plusieurs périmés. Puis... Carole l'approche. La fille dépressive par excellence. C'est bien lui qu'elle mate et il avait l'impression qu'elle voulait lui parler.

Matt: - Quelque chose ne va pas Carole ?
Carole: - C'est que... William, tu le connais plus que bien n'est-ce pas ?
Matt: - Heu oui, on a joué dans la même équipe. Tu le sais ça.
Carole: - Je sais ça, oui. Je voulais savoir, dis moi la vérité... après la mort de ma meilleure amie, il est sorti avec combien de filles ?

Question à la con. Question piège bien féminine. C'était à double tranchant. Carole devait surement savoir la réponse à sa propre question. Matt ne savait pas vraiment ou elle voulait en venir. Comme d'habitude chez les femmes, il n'y avait pas la notice. Il ne voulait pas entrer dans son jeu.

Matt: - Ecoute Carole, ça fait un an. Je ne vais pas te demander d'oublier ton amie disparue... mais William, vas-y, arrête un peu. Tu t'affiches au yeux de tous avec son cas. Tu es sujet à des moqueries depuis des mois. Dans la tête des autres tu es une loque qui déprime parce que Swain t'a largué et qu'il enchaîne d'autres filles depuis. Si lui est un salop, toi tu es une pauvre meuf.

Elle avait laissé Herring débiter les vérités blessantes. Il avait été dur certes... mais depuis le temps, qui lui avait mis les choses en face ? Tout le monde était obnubilé par la mort de Marion et personne n'osait la bousculer. C'est tout en silence qu'elle se met à pleurer. Pas un seul son ne sort. Elle le fixe, toute droite dans son tricot vieux jeu. Elle ne bouge pas. Elle se contente de le regarder en pleurant. Putain ça faisait mal au cœur. Elle allait finir par le déprimer.

Matt: - J'suis désolé Carole mais fallait que ça sorte. Si personne ne te l'avait dit, voila, c'est dit. Je ne vais pas être hypocrite avec toi... tu vaux mieux que cela. Tu es mignonne et intelligente. Trouves toi un autre mec qui te comprenne et remet toi à vivre bordel !

Certains mots ont l'air de la faire réagir. Elle s’essuie quelques larmes et regarde William sortir avec sa future proie.

Carole: - C'est gentil ce que tu dis Matt. Merci. Tu as raison, je dois revivre. Tu me comprends n'est ce pas ?
Je te plais c'est vrai ? Sors avec moi dans ce cas.

Niéééé ! V'là le retournement de cerveau made in Mason ! Matt voyait la vengeance à plein nez. Si elle pensait l'utiliser pour se venger de William, c'était mort. De l'autre coté s'il refusait elle lui enverra à la gueule que c'est de sa faute et blabla. Quelle situation de merde !

Sauvé par...
Tamy qui fait voler le rideau de boules non loin de là. Elle semble appeler Thomas et John qui allaient sortir puis leur demande direct: " -Matt... Carole... Vous... vous n’auriez pas vu une, une petite fille? ". John arrive et va la réconforter. Elle avait l'air bizarre... tout comme son fute pas attaché. Carole va même regarder derrière le rayon et Matt s'engage dans le couloir après lui avoir dit:

- Pas là ta fille. Je vais voir... on dirait qu'il y a d'autres portes.

Assez perturbée Tamy. Fallait la rassurer. Matt s'engage mais ne sait pas trop ou.
Ses deux mains écartent le rideau de boules. Il faisait sombre. Au bout, une porte entre-ouverte laisse deviner un chiotte Turc... sur les cotés, deux portes. Herring essaye d'ouvrir une première à droite. C'était fermé. Il tente d'ouvrir la deuxième, ça s'ouvre...